Skip to main content

Projection des vidéos TSUI KUANG-YU & CHEN WAN-JEN à la Nuit Blanche Paris

  • Temps d’activité:2018-10-06 00:00~2018-10-07 00:00

Projection des vidéos sur écran géant
TSUI Kuang-Yu, Invisible City: Taipari York
CHEN Wan-Jen, Deep Royal Blue


Samedi 6 octobre de 22h à 2h
Esplanade des Invalides, Stand FICEP 


Nuit Blanche Paris 

Mon super kilomètre-Constellation des Invalides

Entrée libre


Invisible City Taiparis York 01 petit.jpg

TSUI Kuang-Yu

Invisible City : Taiparis-York
Vidéo synchrone sur 4 écrans à cristaux liquides
Durée : 05’ 03’’
2008

Avec cette œuvre qui s’inscrit dans la continuité de la série Invisible City commencée en 2006, Kuang-Yu Tsui tourne à nouveau son regard vers Taïwan en tentant de déceler tout le potentiel de transformation de la réalité qu’y recèle l’environnement – ou encore de montrer que dans ce creuset taïwanais où se fondent diverses cultures, la transformation s’est déjà produite par la mise en place de scènes de carte postale. Est-ce que celles-ci procèdent d’une vénération de la culture ou d’un tropisme pour un copiage sans finalité ? Sous l’œil de la caméra, la Statue de la Liberté, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe… qui se dressent un peu partout à Taïwan comme autant de marqueurs culturels importés, exotisme qui très vraisemblablement constitue la raison même de leur présence, cristallisent la tension dramatique mise en scène par l’artiste. Un premier plan rapproché incite le spectateur à croire que la scène se déroule devant tel ou tel monument internationalement connu, mais au fur et à mesure que la caméra recule, le champ s’élargit pour montrer que la scène est en fait située dans quelque ville taïwanaise. C’est ainsi qu’un couple d’amoureux qui s’embrassent devant la Tour Eiffel se révèle être constitué d’une femme et de son chien dans une rue de Taïpei. De même, une femme et un homme qui semblent plongés dans l’atmosphère romantique d’une belle nuit new-yorkaise sont en fait deux employés de restaurant chargés du nettoyage et de la mise en place en train de travailler devant une photo de Manhattan. Dans tous les cas, il y a interprétation erronée par le spectateur.

En suscitant cette interprétation erronée, Kuang-Yu Tsui questionne la relation qui apparaît entre l’existence de tel célèbre site d’une ville étrangère et l’environnement immédiat dans lequel on vit. Il s’interroge sur l’interconnexion qui s’établit entre la réalité d’une part et les attentes des gens face à l’exotisme de ces monuments étrangers d’autre part. Il se pourrait bien que ceux-ci n’aient pour vertu que de nous permettre de faire des photos ou de nous fournir par leur notoriété un prétexte pour « faire quelque chose ». Toutefois, loin d’abolir la distance séparant Taïwan et l’étranger, ces symboles importés ont créé un éloignement encore plus grand, une sorte de vide sans repères qui tel un nuage flotte dans notre environnement. À quelque point de vue que l’on se place, la discrépance entre ce vide et l’environnement réel est patente. Peut-être est-ce là le reflet d’un phénomène qui se manifeste partout dans le monde, celui d’une vie en patchwork de fragments discontinus de la réalité et de sites exotiques, celui d’une vie en habit d’Harlequin faite de ready-made juxtaposés dont la discontinuité est dissimulée par les besoins que suscitent les produits commerciaux, le consumérisme et les médias. Quant aux vides interstitiels dus aux disparités entre les cultures, ils semblent palliés par des échanges culturels, mais cela ne conduit en fait qu’à renforcer la discontinuité et à créer davantage de distance. Il n’est sans doute guère possible de trouver un moyen aisé de s’adapter à un tel environnement par une transformation de la réalité ou de notre état d’esprit car passer d’une vie intellectuellement peu exigeante quoique sémantiquement cohérente à un monde absurde pétri d’imaginaire, mais riche de non-dits et de dissimulations revient à briser une coquille d’œuf pour trouver à l’intérieur un autre œuf. Ou peut-être devons-nous nous persuader que, dans l’espace où nous nous mouvons entre réalité imaginaire et réalité effective, nous devons considérer que tout est source d’interprétation erronée. C’est là sans doute la seule façon de nous adapter intuitivement à notre environnement.

Deep Royal Blue petit.jpg

CHEN Wan-Jen

Deep Royal Blue

Durée : 05’ 55’’

Installation vidéo, couleur, sans paroles, défilement en boucle

Les mots de l’artiste
Le hasard a voulu que j’essaye de peindre un flottement.
Des personnages nageant se meuvent en diverses postures posément, en quête d’un équilibre entre inspiration et expiration minimales.
L’espace d’un instant et c’est du passé ; l’espace d’un instant, c’est le futur annoncé.
Dans le cœur coule une rivière dont le murmure est chant incessant. Point de regard en arrière.
Ce qui nous entoure, c’est l’océan, comme un épuisement du temps.
Incommensurable et abyssale éternité.