Qui n’a jamais rêvé de retrouver les plaisirs terrestres après la mort ?
Telle est la fonction des objets funéraires en papier de Taïwan, brûlés pour assurer le confort des défunts dans l’au-delà. À la suite d’un décès, les familles achètent des substituts d’objets réels en papier, montés sur une structure de bambou, qu’ils envoient au disparu en les brûlant, accompagnés de monnaies funéraires - billets et pièces de papier en usage dans le monde des morts. De la maison miniature aux copies d’articles de luxe, ces créations hyperréalistes ne négligent aucun détail. Rien n’est laissé au hasard: programmes du lave-linge, smartphone équipé d’applications spéciales « paradis » et berline avec chauffeur.
Détruits par les flammes, les objets funéraires de papier n’ont pas laissé de traces matérielles mais des textes chinois les mentionnent dès le 8ème siècle. Leur fonction rappelle celle des simulacres en céramique (mingqi), déposés dans les tombes dès l’époque des Royaumes Combattants (481 à 221 avant notre ère) pour recréer l’environnement familier du défunt.
Conçue en partenariat avec le Centre Culturel de Taïwan à Paris, l’exposition présente un ensemble de créations des ateliers Hsin Hsin et Skea réalisées exceptionnellement pour le musée du quai Branly - Jacques Chirac.
Ne vous fiez pas aux apparences. Ces répliques de papiers s’inspirent des vanités de la société de consommation pour les faire partir en fumée. Le luxe exprime des valeurs profondes comme la famille et la mémoire des ancêtres.
Commissaire : Julien Rousseau
Musée du quai Branly –Jacques Chirac
37, quai Branly – Paris 75007
Exposition du 18 juin au 27 octobre 2019